Presse

 


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On en parle

Le film « Corpus » a séduit le jury par son côté ludique et ingénieux techniquement, recyclant de manière inattendue l’effet domino. Tout les éléments du cinéma fantastique s’y retrouvent, de l’organique au mécanique, de l’élément essentiel à l’accessoire évocateur (ciseaux, couteau…) sans que l’histoire ne démarre vraiment. Le film fascine également par ce qu’il donne à voir du corps humain. La rencontre et le glissement vers l’art vidéo nous a semblé suffisamment rare pour être encouragé.

Format Court

Magazine en ligne dédié au court métrage

Five centuries ago, Descartes wrote: “And truly one can well compare the nerves of the machine that I am describing to the tubes of the mechanisms of these fountains, its muscles and tendons to divers other engines and springs which serve to move these mechanisms.” Our bodies are well-oiled mechanisms, every movement is calibrated through chemical signals, and this short animation dissects human beings, as if the body was a watch or a bicycle.

Andrea Lavagnini

Milano Film Festival

Le prix du Format Court, en partenariat avec le site internet éponyme, a primé Corpus, de Marc Héricher, film structuré sur l’effet domino, qui explore et déconstruit de manière ludique et jubilatoire la machine corporelle et le thème de la créature

Thibault Boixiere

Unidivers

Corpus looks like a stop-motion animated film that uses actual human body parts as key components in a Rube Goldberg-esque cause-and-effect chain of events. I hesitate to reveal whether or not it is actually human body parts on screen, because the uncomfortable grey area between reality and virtual reality is essential to the effect of this macabre film. If they are real body parts, should they be used in this manner? What does their obvious mechanical qualities suggest about the nature of the human being? Why do we, or why don’t we, want to believe these lungs and limbs are real? What are they? What are we?

This is, I think, the essential power of a short film. A short is just long enough to confront us with questions without unnecessarily or accidentally answering those questions in an extended run time. Corpus is just short enough and just hectic enough and just skillful enough to keep us on edge, and the edge is the place where we are forced to consider truths about ourselves we might not otherwise be willing to consider. Corpus is masterful.

 

Elijah Davidson

Co-Director of Reel Spirituality

Le réel et le fantasmé

Avant la réalisation de son dernier court métrage « Corpus » (récompensé au festival Court Métrange 2015, par le prix Format Court), le travail de Marc Hericher s’organisait autour d’une dualité qui structurait l’espace visuel et narratif de ses films. Une dualité entre deux mondes : le réel et le fantasmé.

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« 25/75 Carcan », son tout premier film réalisé en 2006, alors qu’il était étudiant à l’École des Arts Décoratifs de Paris, est un condensé de tout ce qui fera la richesse de son futur travail. Ce court métrage en stop motion de 3 minutes s’ouvre sur la traversée énigmatique d’une ligne blanche qui vient départager l’écran en deux quantités : 25 et 75.

Puis, le décor du film se révèle face à deux pièces dont la superficie de chacune reprend les valeurs déterminés par cette ligne. Le cadre reste fixe. Pas de mouvement de caméra, ici c’est la scénographie du décor qui nous raconte une histoire. Un vieil homme sur un fauteuil roulant entre dans un vestibule exigu. Triste constat que sa vie : il tient à peine dans l’espace de la pièce tant son fauteuil est encombrant.

Comme pour s’échapper au 25 % de réalité dans lequel il est enfermé, le sommeil devient une échappatoire : il s’endort brusquement. Les 75 % restants du décor s’illuminent alors, révélant une autre pièce plus grande, lieu du déploiement de son rêve. Dans une mise en abyme visuelle, un écran de ciel se déploie à l’intérieur même de cette pièce, démultipliant l’espace. Pendant un court instant, le vieillard rêve et nage gracieusement dans ce qu’il croit être un océan de ciel infini.

La force de ce court métrage tient dans l’habileté à faire tenir autant d’espaces dans un cadre aussi exigu qu’une boîte à chaussures. Chacun de ces espaces interroge sur la place que l’on donne dans notre vie au rêve et à la réalité. Espaces qui semblent autant infinis que factices et restreints.

Par la suite, cette ligne blanche qui introduit l’action dans « 25/75 Carcan » prendra pleinement son sens dans son film de fin d’études, « Ollo » (2008). Elle deviendra l’enjeu narratif : que se passe-t-il lorsque l’espace du réel empiète sur celui du fantasme, jusqu’à le rendre inexistant ?

Dans le travail de Marc Hericher, il y a ce que l’on pourrait appeler des forces supérieures et invisibles, qui contrôlent les actions présentées à l’écran. Les espaces de réalités et de rêves semblent être délimités par cette ligne blanche dans un but précis. D’abord pour comparer ces deux mondes, puis pour dénoncer l’empiétement souvent fatal du réel sur l’imaginaire. Cette disparition progressive nous mène vers une réflexion : il est important d’avoir en tête un lieu imaginaire dans l’espace de notre réalité, comme un coin de repli intérieur. Sans quoi l’unique échappatoire au monde réel deviendra, à l’image du dernier plan de « Ollo », une minuscule fenêtre ouverte sur un coin de ciel, dans un grenier délabré.

« Corpus » son tout dernier court métrage représente une certaine rupture avec ces films précédents. Il n’y est plus question d’opposition, d’empiètement. Au contraire, c’est une installation où corps et machines se répondent de manière harmonieuse et chorégraphique.

Et pourtant cette installation filmée est déterminée là encore par un geste invisible à l’image. Une bille entre dans le cadre sous une impulsion mystérieuse, pour venir déclencher l’installation mécanique. Ce mouvement peut s’interpréter d’une multitude de manières. Peut-être est-ce la présence cachée du réalisateur, qui souhaite secrètement donner l’impulsion nécessaire à sa création ?

Sarah Escamilla

Format Court

 

« À chaque projet, j’essaye de montrer quelque chose d’absent à l’image »

Réalisateur et plasticien, Marc Hericher est sorti diplômé il y a dix ans des Arts Décoratifs de Paris. A l’origine de plusieurs courts métrages (« 25/75 Carcan », « Ollo »), il a réalisé « Corpus », un film animé fantastique traitant du déterminisme et de l’effet domino que que nous avons découvert et primé au dernier festival Court Métrange de Rennes. Après être venu présenter son film au Studio des Ursulines en novembre, nous publions son interview réalisé il y a quelques mois dans son atelier parisien ainsi que la vidéo qu’il a réalisé spécialement pour Format Court et qui, fantastique et effrayante à souhait, semble être la suite de « Corpus ».

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Tu as réalisé plusieurs courts-métrages. Comment en es-tu venu à l’animation ?

Au début, je me prédestinais à devenir peintre. Quand je suis arrivé aux Arts Décoratifs de Paris, j’ai beaucoup hésité, pendant la première année pluridisciplinaire, entre art vidéo, art-espace, scénographie et animation. Ce qui m’intéressait c’était le mouvement et comme j’adore la stop motion, je suis allé du côté de l’animation.

Comment est née l’idée de ton dernier projet, « Corpus » ?

À la base, je souhaitais faire un film dans lequel je mettais en scène des éléments scientifiques dans un ordre chronologique : le Big Bang, la naissance de la première cellule et enfin, la création du corps humain.

J’avais commencé à travailler sur de nombreux petits modules. À partir de ces petites créations, j’ai fait le constat que j’avais envie de travailler sur le réveil de l’être humain mais en tant que machine/corps. Je souhaitais explorer le paradoxe entre la machine et le corps et ce qui manque à la machine pour fonctionner en tant que corps humain. Pour moi, il ne s’agit pas seulement de rouages, il y a autre chose. L’idée de « Corpus » est née comme ça.

Dans ton film, tu lies effectivement la machine et le corps humain dans une installation filmée. Comment es-tu parvenu à assembler ces deux entités ?

L’idée était de parler du déterminisme dans l’être humain, c’est-à-dire du traitement du corps humain comme une machine. Il s’agissait de fonctionner comme si un savant fou s’était mis en tête de reproduire tout le schéma de l’être humain mais de manière décomposée, comme une machine mise à plat, en commençant par activer le cerveau, puis son œil, son corps, sa colonne vertébrale etc…

Par ce bais, je souhaitais mettre en valeur ce qui manque aux machines en opposition au corps humain, ce qui est invisible, ce qui n’est pas présent rationnellement dans la machine.

On peut être amené à se poser la question de l’origine de cette création. Au début de « Corpus », on voit une bille qui rentre dans le cadre et qui vient déclencher le mécanisme de cette machine-corps. Qui envoie cette bille ? Quel est le point de départ ?

Le point de départ a été l’un des plus gros problèmes dans la construction du film. Je voulais commencer par le hasard et le chaos et au final, j’ai laissé une ouverture au début du film. Une musique d’orgue de barbarie se fait entendre tout au long du film. Vu que c’est un piano mécanique, elle peut très bien avoir démarré avant l’ouverture du film. Pour moi, l’idée n’était pas forcément de penser à Dieu ni au créateur, mais de se demander ce qui manquait pendant le schéma, pendant toute l’aventure du film.
Personnellement, j’ai ma petite idée, mais j’espère que chacun se fera la sienne.

Ton installation fait penser aux travaux des artistes suisses Fischli et Weiss, en particulier à leur installation « The way things go », dans laquelle ils filment une réaction en chaîne d’objets insolites. T’en es-tu inspiré ?

À un moment donné, j’ai regardé toutes les réactions en chaîne que j’ai pu trouver. J’ai toujours adoré cette performance. Ce qui me plaît en particulier, c’est de ressentir de l’empathie pour les objets, un peu comme s’ils étaient vivants. L’installation de Fischli et Weiss est donc clairement une inspiration de départ. On y trouve de l’humour, on ne s’attend pas à que des petits objets prennent vie, on n’arrête pas de sourire devant eux. Leur travail a permis de rendre vie à des objets complètement inanimés, ça m’a touché parce qu’ils ne l’ont pas juste fait pour bouger les objets mais aussi pour leur donner du caractère.

Tu te définis comme réalisateur, plasticien et motion designer. Est-ce que « Corpus » n’est pas la synthèse des trois au final ?

Je me définis comme artiste plasticien et réalisateur. Techniquement, ce n’est pas la même chose, mais j’ai fini par ne plus faire la distinction entre les deux. Je la fais quand je fais un travail de commande par exemple, mais quand je réalise mes propres films, je suis toujours à la lisière entre l’art vidéo et le court métrage . Généralement, on définit mes films comme des films expérimentaux. Dans ce qu’ils racontent, ils sont effectivement expérimentaux, mais techniquement ils sont très travaillés, très anticipés.

Tes courts métrages révèlent un travail technique en 3D assez impressionnant. Comment s’est passé celui de « Corpus » ?

D’un point de vue technique, c’était très compliqué parce qu’on n’était que deux pour faire le film. Il y a eu beaucoup de maquettages et de dessins, mais je n’ai fait aucun story-board. Le mécanisme présenté dans le film pouvait changer à tout moment, il y en a même un qui a dû changer deux semaines avant la version finale.

Est-ce que tu as écrit un scénario pour ce film ?

Je n’ai écrit que l’ordre d’apparition des organes, j’y ai passé des heures, puis la dernière version a fini par tenir sur dix lignes. J’ai travaillé énormément avec des croquis de réactions en chaîne.
 C’est surtout ça que j’ai créé, la logique du réveil du corps; ce qui m’intéressait, c’était de donner vie à cette espèce de faux corps humain. J’ai donc crée une certaine logique pour envisager la succession de plans et d’organes. J’ai dû pour cela jouer avec la réalité, le cœur, par exemple, n’intervient pas après le lever de la colonne vertébrale, mais je l’ai fait intervenir au milieu du film pour des raisons dramaturgiques, juste pour appuyer un moment intense avant le climax.

Comment relies-tu « Corpus » à tes précédents films ?

À chaque projet, j’essaye de montrer quelque chose d’absent à l’image. J’aime mettre en scène des fantômes, des choses qui n’existent pas vraiment, mais qui ont un impact sur le tangible.

Tes films peuvent aller du côté de la 3D comme de la stop motion. Comment t’orientes-tu vers une technique ou une autre ?

Pour moi la technique est au service de ce que je souhaite raconter.
J’apprécie la technique 3D, j’en fait depuis 10 ans, mais je préfère manipuler des objets sous une caméra. Je trouve ça plus agréable que d’être devant un ordinateur.

J’aime varier les techniques. En ce moment, j’écris un film où il n’y a quasiment pas d’effets spéciaux. C’est un projet en prise de vues réelles, avec des comédiens et ça n’a rien à voir avec ce que je fais techniquement d’habitude, c’est juste que que ce projet-là nécessite cette technique.

Propos recueillis par Sarah Escamilla et Georges Coste. Retranscription : Aziza Kaddour

 

Format Court

ARTE VIDEO NIGHT sur Arte

Jean de Loisy

Critique d'art, Arte Video Night

Corpus de Marc Héricher

Énigmatique, organique et fantastique, « Corpus » est un court-métrage d’animation de moins de 3 minutes réalisé par Marc Hericher, un ancien élève de l’École des Arts Décoratifs. En octobre dernier, le film avait remporté notre Prix Format Court au festival Court Métrange de Rennes, rejoignant ainsi nos précédents films primés en Bretagne : « A living soul » de Henry Moore Selder, « Fuga » de Juan Antonio Espigares, « Mamembre », de Christophe Feuillard, Sylvain Payen, Caroline Diot, Guillaume Griffoni, Clarisse Martin, Julien Ti-I-Taming et Quentin Cavadaski et « Danny Boy » de Marek Skrobecki.

Une valse se met en marche, un air d’orgue de barbarie se fait entendre. Comme guidée par une force inconnue, une bille métallique roule sur le sol. Elle se fraye un chemin au travers d’un ensemble d’objets disparates qui déclenchent une réaction en chaîne et qui auront une influence directe sur différents organes du corps humain : le cœur, une oreille, une colonne vertébrale, des poumons, un bras et enfin une mystérieuse main.

Rythmé par une musique que n’aurait pas renié la Famille Addams, le film de Marc Hericher mérite une attention particulière et un deuxième coup d’œil. Au-delà du « simple » effet domino, « Corpus » prend et surprend grâce à son rythme soutenu, ses notes d’orgue, son mouvement perpétuel, son étrange lien à l’organique et au mécanique.

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De sa première à sa dernière seconde, de sa bille à sa main, « Corpus » questionne sur l’origine de la vie et les prémisses de la création, sur le lien mystérieux entre corps et machines, sur l’animé et l’inanimé. Ludiques et sombres, esthétiques et ingénieux, les plans de ce court, filmés en travelling latéral et imaginés par Marc Hericher, semblent illustrer l’influence directe de la mécanique sur notre corps, comme si toute décision personnelle était guidée par un bouton inatteignable à l’être humain. Étrange, fascinant.

Katia Bayer

Format Court

Making of des effets spéciaux du long métrage « Mon Ange » de Harry Cleven

Climax film